À L'APPOGÉE DU COW-BOY
Comme tout homme dont le rude travail exige un accoutrement spécial, le cow-boy n’aimait rien de moins tant que poser devant l’objectif. Paré de pied en cap des attributs de son état. Fraîchement débarqué des pâturages, il brossait la poussière de la piste, enfilait quelques vêtements propres, puis se dirigeait chez le photographe dont le studio en planche de pin semblait pousser spontanément en toute ville de bétail important. Là il posait avec ses amis, ou bien seul, ou quelque fois avec son cheval.
Les clichés qui en résultaient, collés sur un cadre de carton bon marché et souvent estampillés du nom du photographe, offre un aspect surprenant et parfois pognant du vrai cow-boy du Far West. Quoiqu’il se prît lui-même pour un bagareur redoutable, il apparaissait souvent en réalité, douloureusement jeune et vulnérable par contraste avec le six coups exposé bien en vue et qui, d’ordinaire, était un accèssoire de studio. Il pouvait aussi tenir l’image du cow-boy en posant chaussé d’une paire de bottines du dimanche montantes et à lacets aperçue sous son pantalon de travail tout usé.
Sur d’autres photographies, pas rasé et sagement aligné avec ses camarades des pâturages il paraissait pour le moins aussi dur que son image romanesque. En chaque pose, cependant, ressort immédiatement un trait de caractère particulier : l’évidente fierté d’être cow-boy.