HORS-LA-LOI SOLITAIRES
Formant des groupes résolus poussés par le désir de poursuivre ceux qui violaient la loi, les volontaires de l’Ouest se mettaient souvent dans des cas plus difficiles que glorieux. Un épisode de ce genre, qui fit l’objet d’une reconstitution le lendemain grâce à un photographe local non dénué d’initiative, se déroula le 4 décembre 1896 au ranch de Bert Benjamin, situé près de Blackwell (Oklahoma).
Dans une reconstitution photographique assez rare, des volontaires entourent une cabane. Ils s’apprêtent à débusquer deux bagareurs.
Ce jour-là, juste avant l’aube, des volontaires avaient cerné une cabane où deux individus étaient soupçonnés de mettre au point l’attaque d’une banque locale. Quans ils apparurent à l’aube, le shérif adjoint Alfred Lund tonna : mains en l’air! Loin d’obéir, les suspects sautèrent sur leurs armes. Le premier coup de feu claqua, et trois hommes de la patrouille, qui en comptait six, préférèrent décamper. Lund ne sourcilla pas; il tira; blessant l’un des hommes et tuant l’autre; d’une balle malencontreuse, il abattit aussi une des bêtes Bert Benjamin.
Des hommes regardent la vache que Lund, shérif adjoint (Chemise blanche, dernier rang) a tuée.
Le blessé s’appelait Ben Cravens, et l’enquête prouva qu'’il s’agissait d’un dur; mais la mort constituait, semblait-il, une prise encore plus importante. Du fait qu'’il lui manquait trois doigts, l’officier de police l’identifia en toute confiance comme étant un féroce hors-la-loi du nom de Dick Clifton, surnommé (Dynamite), qui selon la rumeur, avait perdu ces doigts au cours d’un règlement de comptes.
Adossé à un mur de Blackwell pour la photographie, Buck McGregg (en haut) fut confondu avec Dick Clifton, dit (Dynamite), un bandit dont la tête était mise à prix à 3 500$ à la suite de pillages de trains et attaques de banques. Mais la meilleure prise de la patrouille fut celle de Ben Cravens (ci-dessus, voleur de bétail et meutrier, qui fut blessé lors de cet angagement. Cravens reprit le chemin du crime après un séjour en prison.
Plus tard, on put lire dans un journal que ce mort avait bénéficié d’une notoriété imméritée. En fait Buck McGregg n’était qu'’un petit voleur. Malgré sa déception, la presse réussit à placer la nouvelle sous un signe favorable : la rencontre de Blackwell avec le crime provoquait une hausse dans les affaires immobilières locale.
Les montures des hors-la-loi étaient sellées et surchargées d’armes. Mais hors de leur atteinte.
Quelques minutes avant son exécution pour un double meutre commis en 1898, Billy Calder grimace devant le bourreau de Lewistown (Montana). On annonçait souvent les pendaisons par invitations addressées à la presse et aux personnalités concernées.
Armurier de son état du temps où il respectait la loi, Ned Christie, 1852-1892 souvent recherché par la police, fut photographiée avec les armes qui lui servirent tant à attaquer les banques et les trains qu’à s’en prendre aux officiers de paix.
Bell Starr, la reine des bandits apporte une assistance morale à Bleue Duck, son amant, à qui l’on a passé les menottes à la suite du meutre d’un fermier.
En 1895, poignets et chevilles enchaînés, après une bamboche de treize jours émaillée de viols, vols et meutres. Rufus Buck (au centre) et ses complices attendent de passer en justice. Ils furent parmi les derniers bandits à être condamnés à mort par le juge Parker.
Les menottes aux mains Bil Longley songe à la perspective d’un gibet texan pour un de ses 32 meutres. Il écrivit à une fille ces quelques derniers mots de bravade : la mort par pendaison est celle que je préfère.
Aussi dangereux pour lui-même que pour la société, Clay Allison 1840-1887 récupère après s’être, en 1870, logé une balle dans le pied en tirant pour rassembler des mules. Cette même année, il aida à lyncher un tueur, puis lui trancha la tête.
Jim Averell, 1851-1889 un commerçant qui commit l’erreur de s’installer sur des terres du Wyoming destinées à l’élevage et convoitées par un millionaire, fut lynché en 1889. Trois témoins de ce crime disparurent, et un quatrième mourut.
Ella Watson, 1861-1889 une prostituée qui travaillait à proximité de l’emplacement occupé par Averell, fut pendue au même arbre que ce dernier. Les exécuteurs calmèrent les protestations en affirmant qu’elle était vraiment une voleuse de bétail bien connue sous le nom de Cattle Kate.
John Wesley Hardin 1853-1895 se fit photographier à Abilene en 1871. Époque à laquelle le marshal Wild Bill Hickok le protégea, jusqu’au moment où Hardin tua un ronfleur dans un hôtel sous prétexte qu’il le dérangeait; il dut quitter la ville.
Orphelin Billy le Kid était employé comme manœuvre dans un ranch de l’Arizona; c’est à cette époque, alors qu’à peine âgé de 15 ans, qu’il posa pour ce portrait. En 1877, il tua sa première victime. Un homme qui l’avait insulté par inadvertance.
À la fin du XIXe siècle. Les hors-la-loi qui pouvaient attaquer des trains et des banques tout en restant en liberté suffisamment longtemps pour profiter de leur butin devenaient aussi rares que les bisons. En plus des forces du maintien de l’ordre sans cess croissantes. Il leur fallait aussi compter avec des éléments techniques propres à les décourager. À présent, on utiklisait le télégraphe et le téléphone pour diffuser les signalements des mafaiteurs et rassembler des informations sur leurs déplacements.
La poitrine criblée de balles, Charlie Pierce (à droite) repose dans une chambre funéraire de Guthrie, au côté de Bitter Creek Newcomb 1867-1892.
Souvent, les chasseurs poursuivaient leurs proies grâce au train, transportant avec eux les chevaux dont ils avaient besoin pour la phase finale de la chasse. Face à de tels progrès dans la lutte contre le crime, des despérados moyens comme Charlie Pierce et Bitter Creek Newcomb étaient condamnés à l’avance. En mai 1895, séparés de leurs compagnons après avoir effectué un hold-up sur un train, des membres du gang Doolin se réfugièrent dans une ferme du territoire de l’Oklahoma, près de Guthrie. Le repaire des bandits fut vite encerclé par des représentants de l’ordre fédéral alertés par télégramme sur les agisements du gang. Selon le Guthrie Daily Leader, en un rien de temps, le corps de Pierce fut criblé de plombs. Il reçut des balles aux bras aux jambes et jusque dans la plantes des pieds. Newcomb fut également touché plusieurs fois.
Pour mieux identifier leurs victimes, on les photographia souvent dans des poses très réalistes, conservant ainsi des achives, et en particulier des preuves du déguisement réussi, d’un des bandits. De telles images qui illustrent ses photographies avaient un autre but; c’était une mise en garde pour les candidats au métier de hors-la-loi, leur démontrant que si l’emploi des armes à feu pouvait être momentanément payant, il conduisait en général à une issue fatale.